De la simplicité...
Simplicité... à la "simple" évocation du terme, une certaine tranquilité d'âme et d'esprit m'envahit, ainsi qu'un réconfort et un bien-être que nul autre mot ne saurait exhaler... Simplicité... j'agite ma main en prononçant la suite si mélodieuse de consonnes et de syllabes. J'essaie de la palper, de l'atteindre, pour en sentir toutes les petites nuances, pour m'imprégner de sa douceur, pour pouvoir la retranscrir, comme autant de notes cristallines sur du papier à musique poussiérieux... Mais tiens, maintenant, je me le demande. Pourquoi de suaves pensées à propos de la simplicité m'envahissent-elles soudain ? Est-ce parce que mon existence a toujours été jonchée de débris de "complications" ? Est-ce parce que je n'ai cherché à saisir que des éléments confus, absurdes, difficiles aussi bien à digérer qu'à exploiter dans la vie quotidienne ? Un excellent ami a bien fait d'attirer mon attention sur ce fait-là : "Les gens voient compliqué. Alors que les choses sont tellement simples". Je n'ai pas tout de suite adhéré à cette affirmation. J'ai longuement bataillé, au cours d'une conversation exhaltante, à prouver que rien n'était simple, "fastoche", comme on dit, que tout tendait vers l'impossible, l'inimaginable, l'impensable et l'impraticable. C'est, somme toutes, assez normal. Bercée par la mélodie "kilomètrique" si je puis dire, de Proust et de Joyce, je ne pouvais concevoir la vie autrement qu'en longues et lourdes batailles où d'aucuns cherchent à gagner du terrain par à rapport à l'ennemi, je ne perçevais que le côté obscur de tout ce que j'assimilais et ne le méditais jamais dans le sens où il pouvait m'apporter quelque chose de beau et de pur dans sa simplicité. J'appelais ça du "décharnement".
Aujourd'hui plus qu'en aucun autre jour, je souhaite que tout se révèle, brillant et aisé. Telles les chansons de Raphaël, je veux que les choses laborieuses se transforment en hymne au naturel. Je ne rêve plus de gloire. Elle ne viendra pas si je m'extermine à lui courir après. Mais de la sérénité, dans les mots, dans les gestes, dans les actes anodins et particuliers de la vie. Aspirer la fraîche senteur de l'herbe, s'étendre sur un hamac et admirer les nuages défilant entre les longues branches des peupliers, observer les oiseaux puiser dans une minuscule source d'eau et les entendre déclamer leurs doux ramages, voilà ce que je voudrais vivre en ce moment.
Ce serait une sorte de halte dans "l'auberge de la quiétude", un recueillement paisible, une humble communion avec ce qui est autre que soi-même. Et ce serait tout simplement merveilleux.